Cancer de la prostate : la curiethérapie
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La curiethérapie est une radiothérapie interne consistant à placer des sources radioactives directement dans la prostate pour détruire les cellules cancéreuses. Grâce à une irradiation localisée, elle limite les effets sur les tissus sains. Réalisée sous anesthésie, elle peut utiliser des implants permanents ou temporaires, selon le type de cancer et le protocole choisi.
La curiethérapie est un type de radiothérapie qui consiste à mettre des sources radioactives en contact direct avec la zone à traiter à l’intérieur du corps. Dans le cas d’une curiethérapie pour le cancer de la prostate, les sources radioactives sont placées à l’intérieur de la prostate.
Ces éléments radioactifs émettent des rayonnements qui détruisent les cellules cancéreuses. La dose de rayonnement décroît très vite au fur et à mesure que l’on s’éloigne de ces sources radioactives, ce qui permet de limiter les effets indésirables sur les tissus sains avoisinants (notamment la vessie, le rectum et le canal anal).
Le déroulement d'une curiethérapie
Il existe deux formes de curiethérapie :
- par implants permanents de grains d’iode 125. Dans ce cas, les grains radioactifs restent définitivement implantés dans la prostate ;
- par implants temporaires, généralement de sources d’iridium 192. On parle aussi de technique à haut débit de dose. Dans ce cas, une fois l’irradiation réalisée, plus aucune source radioactive ne reste dans la prostate.
Afin d’implanter le matériel nécessaire à la curiethérapie, qu’elle soit réalisée par implants permanents ou temporaires, une anesthésie générale ou une rachianesthésie (anesthésie de l’abdomen et des jambes) est réalisée. Une fois que vous êtes anesthésié, une sonde urinaire est mise en place.
Une sonde d’échographie endorectale est introduite dans le rectum. Elle a pour objectif de visualiser la prostate, l’urètre et le rectum et d’acquérir les images dans l’ordinateur. Ces éléments permettent au radiophysicien de réaliser en temps réel la planification et la dosimétrie en trois dimensions (3D). L’objectif est d’optimiser l’irradiation, de façon à traiter au mieux la tumeur tout en épargnant les organes sains voisins. L’échographie permet de guider l’implantation des aiguilles destinées à introduire les sources radioactives. Ces aiguilles sont introduites par le périnée, à travers une grille d’implantation positionnée au niveau du périnée.
Lors d’une curiethérapie par implants permanents, la mise en place des grains d’iode 125 via des aiguilles creuses est ensuite réalisée de façon manuelle ou automatisée, sous le contrôle de l’échographie. Les aiguilles sont enlevées au fur et à mesure de l’implantation du matériel radioactif. À la fin de l’implantation, vous êtes amené en salle de réveil. Un examen d’imagerie, comme une radiographie, peut être réalisé pour contrôler la qualité de l’implantation des grains d’iode dans la prostate. Il peut être complété par d’autres examens d’imagerie.
Lors d’une curiethérapie par implants temporaires, les aiguilles placées dans la prostate sont connectées à un projecteur de source contenant le plus souvent une micro-source d’iridium. Cette micro-source se déplace automatiquement dans chaque aiguille selon la programmation issue de la dosimétrie. Selon votre cas et les habitudes de votre équipe médicale, une à trois séances peuvent généralement être planifiées. Lorsque plusieurs séances sont prévues, elles peuvent se dérouler sur plusieurs jours.
Pour en savoir plus, consultez notre article sur la curiethérapie.
Lorsque la sonde urinaire est enlevée, l’équipe médicale s’assure que les mictions reprennent normalement.
Radioprotection : précautions particulières
En cas de curiethérapie par implants permanents (iode 125), la radioactivité des sources implantées diminue progressivement dans le temps. Les risques pour l’entourage sont jugés inexistants, les rayonnements émis étant très peu pénétrants et donc arrêtés presque totalement par le corps lui-même.
Les contacts avec les autres personnes sont autorisés mais quelques précautions sont cependant nécessaires pendant les deux mois qui suivent l’implantation. En pratique, vous devez notamment éviter les contacts directs et prolongés avec les jeunes enfants (par exemple, les prendre sur vos genoux) et les femmes enceintes.
Peu de temps après votre curiethérapie, il peut arriver que des sources implantées passent dans vos urines ou, de façon exceptionnelle, dans votre sperme. L’équipe de curiethérapie vous précisera les consignes à respecter et les préconisations en matière de protection des rapports sexuels. Posez-leur toutes vos questions.
Les effets indésirables possibles
Les effets indésirables d’une curiethérapie dépendent notamment du type d’implants (temporaires ou permanents), du volume de la région traitée, de la dose d’irradiation ayant pu atteindre les organes voisins et de la dose totale reçue.
Certains effets indésirables se manifestent immédiatement après l’intervention ou bien quelques semaines plus tard. En général, ils sont temporaires. D’autres apparaissent bien après l’intervention et peuvent durer longtemps.
Les suites immédiates de l’intervention
Certains effets indésirables peuvent se manifester lors du traitement ou tout de suite après. Ils sont surveillés et traités par l’équipe médicale si cela est nécessaire :
- un hématome au niveau du périnée, zone d’insertion des aiguilles, qui disparaît en quelques semaines
- la présence de sang dans les urines (hématurie), rare en cas de curiethérapie avec implants permanents et fréquente en cas de curiethérapie avec implants temporaires. Ces saignements disparaissent le plus souvent spontanément en quelques heures mais peuvent nécessiter un lavage de la vessie à l’aide de la sonde urinaire qui a été mise en place au cours de l’intervention
- une irritation rectale liée à la mise en place de la sonde endorectale au cours du traitement
- rarement, une thrombose veineuse ou phlébite (une veine se bouche, ce qui bloque la circulation du sang). En prévention, les médecins vous prescrivent un médicament anticoagulant et le port de bas antithrombose (bas de contention ou bas à varices).
Vous pouvez aussi ressentir de la fatigue, physique ou psychologique. Elle dépend de votre tolérance au traitement et des autres effets indésirables. Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit gérée le mieux possible.
Si vous ressentez une douleur, quelle que soit son intensité, parlez-en à votre équipe médicale.
Les effets indésirables survenant dans les jours et semaines suivant l’intervention
Certains effets indésirables peuvent se manifester dans les jours et les semaines suivant l’intervention. Ce peut être :
- des troubles urinaires, très fréquents, avec une intensité variable selon les patients. Ils sont liés à l’inflammation de l’urètre (urétrite). Ils se manifestent par des besoins pressants et fréquents d’uriner (le jour et la nuit), par un jet plus faible et plus lent et par des brûlures en urinant. Ces difficultés pour uriner débutent habituellement une semaine après l’intervention. La gêne est maximale quatre à six semaines après celle-ci, et ces difficultés disparaissent généralement dans les quelques mois suivant l’intervention. Les difficultés à uriner peuvent être en partie prévenues et traitées par des médicaments alphabloquants et des anti-inflammatoires. En cas de troubles urinaires importants (par exemple en cas de miction toutes les demi-heures avec un jet très faible, de douleurs dans le bas ventre et/ou de fièvre), contactez rapidement votre médecin
- des problèmes d’érection transitoires et modérés
- une présence de sang dans le sperme
- rarement, des troubles rectaux, comme une inflammation du rectum (rectite). Ils peuvent se manifester par les mêmes symptômes que des hémorroïdes : brûlures lors des selles, envies pressantes voire fausse envies d’aller à la selle, plus rarement saignements. Ils disparaissent généralement deux à trois mois après l’intervention.
Les effets indésirables tardifs d’une curiethérapie (dans les mois et années après l’intervention) peuvent aussi concerner des troubles de l’érection ou des troubles urinaires ou plus rarement, une inflammation du rectum.
Il est important de les signaler à votre médecin afin de vérifier qu’ils ne sont pas dus à une autre cause (parfois en réalisant des examens complémentaires) et afin que des soins adaptés puissent vous être proposés.